Si Mohamed BENSALEM - dit Bouchoucha - Membre Fondateur du Hilal Club Laghouat
[L'événement] Mohamed Bensalem (1904-1985), un militant d'avant-garde La plume contre l'épée Par
: Amar Belkhodja Le : mardi 02 mai 2006 Amar Belkhodja (journaliste-auteur). Après cinq ans de captivité, suite au parjure de La Moricière et du duc d'Aumale, l'Emir Abdelkader se retira à Damas,
où il se consacra à la dévotion, la méditation, l'enseignement et l'écriture. Sa pensée rayonnera dans toute la région et le grand résistant fut, affirment
ceux qui se sont imprégnés de ses écrits, le précurseur de la Nahdha. Nous ne cesserons jamais de glorifier cet homme à la dimension universelle. Aujourd'hui,
nous évoquerons l'une de ses pensées, Le vainqueur de la Macta vantera l'épée et la plume comme étant deux principales armes auxquelles l'homme recourt pour protéger le droit et la justice. «Mais
si l'on m'imposait de faire le choix, je choisirais la plume», proclama l'Emir Abdelkader.La plume reste le symbole de la connaissance et de la communication.
Elle sera une arme redoutable et jouera un rôle éminemment capital dans notre combat anti-colonial.En puisant dans la littérature nationaliste, nous avions découvert la signature d'un homme qui
fit, de la plume sa principale arme. C'est de Mohamed Bensalem qu'il s'agit d'un militant qui mena une lutte implacable contre «le régime du sabre». Car,
faut-il le rappeler, pendant la présence française, notre pays, l'Algérie, était divisée en deux parties le Nord et le Sud. Les «Territoires du Sud» étaient confiés au commandement militaire qui,
avec la complicité éhontée des caïds, aghas et bachaghas, avait le droit de vie et de mort sur les populations algériennes. En d'autres termes, c'était
pratiquement le régime d'exception. Les Algériens soumis aux pires humiliations et à une féroce répression. C'est contre le sabre militaire et la perfidie des féodaux, qu'un homme d'une santé
fragile opposera, pendant 30 ans, une plume qui, pire que les cannonades, provoquera bien des dégâts à l'intérieur même des officines coloniales. C'est à
partir de Laghouat où sa famille s'installera au début du siècle que Bensalem pilonnera sans répit, en publiant dans tous les journaux de gauche de l'époque de véritables réquisitoires contre le
régime des Territoires du Sud.Mohamed Bensalem est né en 1904 à Médéa. Il commence le combat anti-colonial et antiféodal dès 1929. Maniant superbement la
plume, il va se distinguer par une lutte acerbe contre les institutions colonialistes et dénonce avec virulence le régime des Territoires du Sud, régime qui semble trop bien convenir à la
féodalité.Les déboires commencent en 1929, Mohamed Bensalem purge 50 jours de prison. Dans les Territoires du Sud, les Algériens étaient mis en prison sans
procédure judiciaire ni jugement. Les peines de prison étaient prononcées sur simple décision des officiers de l'armée française.En 1930, la France célèbre en grandes pompes, les fêtes du
centenaire de la colonisation. Bensalem qui dénonce la mascarade est arrêté et emprisonné pendant deux mois. Mohamed Bensalem ne désarme pas, en 1934, il
purge deux peines d'emprisonnement. L'une de 15 jours et l'autre de deux mois, assaisonnés de 200 francs d'amende. Le militant de Laghouat n'hésite pas à prendre de gros risques. Il devient trop
gênant pour l'administration française et ses alliés féodaux.
En 1936, il échappe à une tentative de meurtre fomentée par les caïds de la région. Il est
hospitalisé pour soigner une grave blessure à la tête. Aussitôt rétabli, il entame une campagne dans la Voix du Peuple et dans Alger républicain : «Un des plus anciens et des plus fidèles
correspondants» se nomme Mohamed Bensalem et c'est le secrétaire de la section de l'U.D.M.A. de Laghouat, ville-oasis sur la route qui mène vers Ghardaïa et plus loin dans le Sahara.
Déjà, à l'époque d'Albert Camus, la signature de Bensalem apparaissait fréquemment dans les colonnes du journal. Il y multipliait les correspondances contre le
«régime du sabre» qui sévissait dans le Sud et s'attaquait nommément au tout-puissant commandant des territoires militaires. Ses papiers lui vaudront d'être
poursuivi, arrêté, emprisonné à plusieurs reprises. Il n'en interrompra pas pour autant sa collaboration à Alger républicain et cela jusqu'au dernier numéro. Un de ses textes («A.R.» du 14 mai
1954) publié à l'occasion d'une souscription effectuée à Laghouat, exprime merveilleusement - même si son élan passionné peut aujourd'hui surprendre - la profondeur de son attachement et celui
des lecteurs à ce journal, La Grande Aventure d'Alger républicain - Paris - p. 112).
En 1940, Mohamed Bensalem est arrêté et emprisonné pendant 60 jours. En 1945, il adhère au
«Manifeste Algérien» (Union Démocratique du Manifeste Algérien), parti fondé par M. Ferhat Abbas.Avec la complicité de l'administration française, la féodalité locale qui voit ses intérêts
menacés par la prise de conscience de la population algérienne, agit brutalement et tente, encore une fois en 1945, de tuer Bensalem. Il est hospitalisé,
grièvement blessé à la tête. C'est un homme exceptionnel. Il n'abandonne jamais la lutte. Dès qu'il se rétablit, il reprend de plus belle sa plume pour dénoncer le régime des Territoires du Sud
dans les colonnes d'Egalité et de la République algérienne, organes successifs du Manifeste algérien.Condition qui mettra un jour le colonialisme à genoux. Il
dira à ce sujet : «Nous seuls, musulmans, nous seuls colonisés, détenons le remède efficace à cette situation intolérable. Notre salut est entre nos mains. Il ne dépend que de nous, c'est notre
union de plus en plus étroite, notre résolution des plus ardentes, qui triompheront de toutes les barrières que le colonialisme oppose à notre affranchissement. Aussi longtemps que nous n'aurons pas réalisé cette union indispensable, nos gémissements seront stériles, car celui, homme ou peuple, qui est incapable de conquérir sa liberté
ne mérite pas de la posséder» (Egalité du 22 novembre 1947). La guerre de Libération nationale trouvera en Mohamed Bensalem un élément d'avant-garde qui jouera un rôle capital dans l'implantation
des structures du FLN et de 1'ALN dans la région de Laghouat. En effet, c'est sur instruction des membres du CCE. (Comité de coordination et d'exécution),
notamment Abane Ramdane, Benyoucef Benkhedda et du colonel Saddek (Slimane Dhilès), commandant la Wilaya IV, que Bensalem se chargera d'organiser l'appareil politico-militaire de l'ALN-FLN dans
le sud algérois. Dès 1956, il mit en place des cellules et des groupes armés pour faire disparaître les maquis MNA fortement implantés dans la région, à cette époque. Bensalem est arrêté par
l'armée coloniale en 1957. A sa libération, en 1959, il est très malade. Il rejoint Tunis où il se met à la disposition du G.P.R.A. jusqu'à l'indépendance du pays.
En 1962, Mohamed Bensalem consigne quelques souvenirs dont nous reprenons quelques
extraits : Notre souci, c'est de reconstituer l'itinéraire des hommes de cette trempe. Nous évaluerons alors la somme d'efforts, l'esprit de sacrifice, les souffrances consenties par des aînés pour
que périsse le colonialisme.
Nous apprécierons aussi et surtout que l'unité consacrée par Novembre 1954, fut le
fruit d'un long combat. Aujourd'hui, nous n'avons pas le droit de porter atteinte ou menacer ce qui a été bâti par la patience, l'endurance, la bravoure, le sang et le
sacrifice.
Par monsieur Hebboul
Mohamed
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